J'ai rédigé le témoignage de frère Bernard, il y a des choses fortes j'ai pensé qu'on pouvait avoir envie de les retrouver quelque-part.
Le frère Bernard est moine à l'Abbaye d'Acey depuis 36 ans. Il est un moine contemplatif, dont la première missions est la prière, et qui reste toujours entre les murs du monastère. Si être missionaire, c'est annoncer l'Evangile là où l'on passe, cette définition n'est pas évidente pour un moine. Mais si, comme l'a dit Sainte Thérèse de Lisieux, évangéliser c'est aimer, alors cela prend tout son sens.
Le frère Bernard a eu un jour une pensée : « Seigneur Jésus, descend dans toutes les cellules de mon corps ». Le corps humain est composé de 144000 milliards de cellules, mais ce terme désigne aussi la cellule d'un moine, ou une cellule de prison. En réfléchissant sur cette pensée, frère Bernard a compris que chaque personne qu'il a un jour rencontrée ou juste croisée habite dans une cellule de son corps. Penser à quelqu'un, c'est aller dans la cellule qu'il « habite » en moi. C'est demander à Jésus de venir en aide à cette personne, qui a peut-être besoin d'aide à ce moment précis où je pense à elle.
Dans l'Evangile de Saint Jean, Jésus parle de ses disciples : « Père, tu les as tiré du monde pour me les donner » : une simple rencontre, un simple contact visuel et la personne est entrée en moi et viendra régulièrement à ma pensée.
Concernant le verde Aimer, le frère Bernard a repris l'exemple de Sainte Thérèse : on ne peut pas aimer tout le monde. Aisi, Sainte Thérèse n'aimait pas beaucoup deux des religieuses de son couvent. Les rencontrer provoquait en elle des pulsions agressives. Elle a donc prié pour que Dieu vienne dans les cellules de son corps où étaient ces deux soeurs, mais Dieu ne lui a jamais enlevé ce sentiment d'antipathie. Pourtant, ne pas aimer n'est pas un péché, c'est un sentiment humain. Le péché intervient dans ce que l'on fait de cette antipathie, et Sainte Thérèse priait pour sourire lorsqu'elle les croisait, pour couper leur pain à table, et ce avec amour.
Ce fut la même chose pour Jésus : il n'aimait pas les soldats qui l'ont flagellé, mais par amour, il n'a rien dit, il les a laissé faire. Aimer, ce n'est donc pas avoir de la sympathie pour quelqu'un, mais c'est vouloir son bien.
Pour Aimer, il faut être « : Toi, Moi et Nous. De la même façon Dieu est 3 personne : le Père, le Fils et l'Esprit Saint, le « Nous » qui unit le Père et le Fils. L'esprit nous façonne dans notre histoire personnelle.
Dieu a besoin de nous pour être lui-même. Il n'existerait pas sans chacun de nous : il a une relation unique avec chacun d'entre nous, il nous aime chacun d'une façon spéciale. Nous révélons à Dieu qui il est. Nos faiblesses le bouleversent. Ce ne sont pas nos défauts qui comptes, mais notre audace de se mettre à nu devant Dieu, de montrer tout de soi. La seule chose que Dieu demande, c'est que l'on ose se montrer à lui tels que nous sommes et non tels que nous voudrions être, que l'on pense devoir être.
Enfin, le frère Bernard a terminé par une anecdote : Un jour qu'il prenait le métro à Paris, il s'arrêta à la station Bienvenue, vers Montparnasse, et vit sur le quai une femme aveugle tenant d'une main une canne blanche, de l'autre main une fillette de moins de 5 ans. Il y avait une confiance extraordinaire entre ces 2 personnes. Après réflexion, il a compris : la femme c'était Dieu et la petite fille chacun d'entre nous : Dieu nous suit aveuglément partout où nous l'emmenons.